Histoire

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Photographie : rue Léon. Source : Goutte d’or et vous.

Le quartier de la Goutte d’Or a une riche histoire marquée par l’installation au XIXe siècle d’ouvriers provinciaux et étrangers. Nous vous proposons ici de découvrir le développement du territoire, son urbanisation, l’immigration, les rues aux noms évocateurs et d’anciennes photographies.


Circuit thématique Histoire

Ce circuit vous propose de comparer le quartier du XXe siècle à celui d’aujourd’hui en vous appuyant sur les anciennes cartes postales visibles ci-après.

Durée : 40min. Distance parcourue : 3km. Accès : Marcadet-Poissonniers ou Marx Dormoy.

1 – Rue des Poissonniers (croisement rue Marcadet, direction Nord)


2 – Rue Doudeauville (croisement rue des Poissonniers, direction Est)


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3 – Croisement Boulevard Barbès et rue Christiani


4 -Rue Léon (croisement rue Myrha, direction Nord)


5 – Rue Cavé (croisement rue Affre, direction Ouest)


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6 – Eglise St Bernard


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7 – Rue de Jessaint (direction Est)


8 – Rue de Jessaint (croisement rue Stephenson, direction Ouest)


9 – Rue Stephenson (croisement rue Myrha, direction Sud)


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10 – Rue de Myrha (croisement rue Stephenson, direction Ouest)
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11 – Rue Stephenson (croisement à droite rue de Laghouat, direction Sud)
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12 – Rue Jean Robert (direction Nord)
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13 – Rue de la Chapelle (croisement rue Ordener, direction Sud)

Photographies anciennes source : Goutte d’Or et vous


Avant le XIXe siècle : territoire agricole aux cinq moulins

Selon les dires, la dénomination du quartier « Goutte d’Or »  fait référence au vin blanc qui y était produit depuis le Moyen-Âge, et offert, selon la tradition par la ville de Paris au roi. Restant pendant longtemps un territoire agricole, il ne subsiste que très peu de témoignages de cette époque, si ce n’est le passage de Jeanne d’Arc, allant prier à la chapelle Sainte Geneviève de la commune La Chapelle avant sa tentative du siège de Paris, qu’elle échoua. Au XVIIIe siècle, cinq moulins à plâtre, destinés à écraser le gypse très présent aux alentours, sont construits à l’emplacement actuel du square Léon. Plus tard, au début du XIXe siècle, le territoire est toujours constitué de terrains agricoles, à cheval sur deux communes : celle de Montmartre et celle de la Chapelle.

On peut remarquer sur la carte de l’État Major (v. 1830) des similitudes avec la cartographie contemporaine : on retrouve la rue des Poissonniers qui délimite le quartier à l’Ouest, le chemin de fer au départ de la Gare du Nord qui scinde le territoire en deux, ou encore le cœur de la Goutte d’Or avec les cinq moulins qui ont aujourd’hui laissé place au square Léon. La carte à sa droite présente le quartier une vingtaine d’années après (1854).


XIXe siècle : urbanisation, ouvriers et révolution industrielle

Dès les années 1815-20, le territoire s’urbanise, les rues sont tracées et les immeubles fleurissent, prêt à accueillir de nombreux « provinciaux » modestes venus s’installer près de Paris, tout comme le personnage de Gervaise quittant son Sud natal pour aller vivre dans la capitale avec son amant et ses trois enfants. L’urbanisation était essentiellement privé, possédé en grande partie par le couple Saint-Ange. Ils ont donné leur nom au quartier avant qu’il ne soit rebaptisé « goutte d’or ». Les provinciaux vivent dans des hôtels meublés, modestes, étroits et insalubres. En effet, le quartier était considéré comme une porte d’entrée vers la capitale. De nombreux locataires s’y succédaient sans s’investir dans les logements. Le quartier voit alors sa population grandir, constituée en grande partie d’ouvriers travaillant à la construction du chemin de fer de Gare du Nord, dans des ateliers de métallurgie ou de construction de machines à vapeur.

Le 1er janvier 1860, Paris s’étend et les communes limitrophes y sont annexées ; la Goutte d’Or fait désormais partie de la capitale !

En 1897, le pont Jean François Lepine (du nom d’un généreux habitant de La Chapelle ayant fait un don aux plus nécessiteux) est créé, reliant l’Eglise St Bernard à la rue Marx Dormoy.

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A gauche, le Sud-Est de la Goutte d’Or en 1920. A droite, le Nord de la Goutte d’Or en 1931.  Source : Géoportail.
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A gauche, la Goutte d’Or en 1952. A droite, la Goutte d’Or en 2015. Sources : Géoportail et Google Map.

 


Une population variée

Le premier flux d’immigration en provenance de la province française est suivi d’un flux Européen à la fin du XIXe siècle et au début du XXe (italiens, espagnols, belges, allemands et juifs-polonais). Au long du XXe siècle, le nombre d’habitants croît considérablement. Au cours des Trente Glorieuses, de nombreux Maghrébins viennent s’installer dans le quartier, suivis dans les années 1980 par des Africains, puis récemment par des Asiatiques. Une longue histoire qui a dressé aujourd’hui le portrait d’un quartier multiculturel aux quelques 23000 habitant-e-s.


Des rues aux noms historiques

Beaucoup de rues de la Goutte d’Or portent les noms des anciens propriétaires y habitant. Certaines rues font référence aux sociétés qui y étaient implantées (Hermann-LaChapelle, François Cave et ses ateliers de métallurgie etc.), d’autres font référence à des hommes politiques tels que Marx Dormoy (député de l’Allier), Ordener (général français), des inventeurs (comme Stephenson inventeur de la première locomotive) ou des villes (Oran et Laghouat, villes Algériennes en référence à la conquête de l’Algérie au XIXe siècle). On peut s’attarder sur quelques dénomination révélant des anecdotes intéressantes :

Rue des Poissonniers : anciennement chemin des Poissonniers, cette rue reliait les ports du Nord de la France au marché des Halles, un itinéraire massivement emprunté par les marchands de poisson.

Rue de Panama : cette rue fut ouverte en 1884, une année qui a également assisté au percement du canal de Panama. En l’honneur de cet événement, elle prit ce nom.

Place de l’Assommoir : cette place dénommée ainsi en 1995 fait référence au célèbre ouvrage d’Emile Zola. Située dans la rue des Islettes, la place se situe à proximité de la blanchisserie où travaillait l’héroïne, Gervaise.

Château Rouge : ce nom qui apparaît Goutte-d-or-carte-chateau-rouge-histoire-guideaujourd’hui comme celui d’une simple station de métro raconte en vérité toute une histoire. Une grande bâtisse en pierres rouge entourée de jardin s’étendait de la rue Poissonnière à la rue Christiani en passant par la rue de
Clignancourt. Le monument a traversé une partie du XVIIIe et XIXe siècle, et a notamment été témoin de deux grands événements : la révolution et la Commune. Il y était organisé des bals qui cachaient en réalité des rassemblements politiques non autorisés par la monarchie. La supercherie fut découverte et le château détruit. De ce manoir ne reste aujourd’hui que le nom d’une station située à l’entrée de la Goutte d’Or.

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Château Rouge en 1847. Source : Paris Unplugged.

2 réflexions sur “Histoire

  1. Bonsoir, félicitations pour vos travaux. Juste une remarque: les rue de Laghouat et d’Oran ne font pas référence à la guerre d’Algérie, mais à la conquête de l’Algérie sous Louis Philippe et Napoléon III. Il y avait également autrefois une rue d’Alger, devenue rue Affre et une rue de Constantine, devenue rue Myrha. Cordialement. Jacky Libaud.

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